29 April 2015Une nouvelle version du plus important catalogue d’objets astrophysiques détectés en rayons X

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Apr 29 2015

La cinquième version du catalogue de sources XMM-Newton (3XMM-DR5), le plus important catalogue de sources X jamais construit, contient 565 962 détections, allant d’objets proches de notre système solaire jusqu’aux trous noirs supermassifs aux confins de l’Univers. Chaque détection est accompagnée d’une foule d’informations permettant de mieux cerner la nature de ces objets. En conséquence, de nombreuses découvertes de nouvelles sources astrophysiques extrêmes sont attendues.

Pour que les astronomes tirent au mieux parti du catalogue, un article scientifique, écrit par le consortium du XMM-Newton Survey Science Centre, sera publié prochainement dans le journal Européen « Astronomy and Astrophysics » disponible ici http://arxiv.org/abs/1504.07051. La publication du catalogue est accompagnée de cet article ainsi que d’une nouvelle version du site internet XMM-Newton Survey Science Centre : http://xmmssc.irap.omp.eu

Le XMM-Newton Survey Science Centre, dirigé par le Dr. Natalie Webb de l’IRAP (Toulouse), est un consortium composé de dix institutions européennes.

Au sein de ce consortium, l’Observatoire de Strasbourg est chargé de proposer des identifications à d’autres longueurs d’ondes de toutes les sources X de ce catalogue. Ce travail utilise en grande majorité les catalogues d’archive et les services du Centre de Données astronomique de Strasbourg.

Ces identifications, ainsi que d’autres produits associés au catalogue (cartes de champ, spectres X et courbes de lumière) sont mises à disposition de la communauté internationale via une interface spécifique développée à l’Observatoire. http://xcatdb.unistra.fr/3xmmdr5

Copie d'écran de la XCatDB

Les objets astrophysiques brillants en rayons X sont parmi les plus énergétiques de l’Univers. Le satellite XMM-Newton de l’Agence Spatiale Européenne est un observatoire en rayons X de haute sensibilité en opération depuis 2000. Il effectue plus de 600 observations par an et en une observation, il est capable de détecter 50 à 100 sources X dans une région du ciel de la taille de la pleine Lune. Nombre de ces détections s’avèrent être des objets jamais observés auparavant.

Les sources X composant le catalogue XMM-Newton sont des astres tels que les trous noirs supermassifs au centre des galaxies, aspirant le gaz et la poussière qui les entourent. Mais également des étoiles en explosion ainsi que des étoiles mortes qui se sont effondrées sur elles-mêmes en une boule de matière exotique, aussi dense que le noyau d’un atome, et qui tourne sur elle-même jusqu’à 1000 fois par seconde. Bien que la diversité d’objets astrophysiques identifiés dans le catalogue soit déjà importante, en se basant sur les précédentes versions plus restreintes du catalogue, on attend la découverte de nombreux objets exotiques nouveaux.

En effet, lors de la phase de validation méthodique des données, deux nouveaux systèmes binaires extrêmes, nommés « polars », ont été découverts. Ces systèmes contiennent une étoile similaire à notre Soleil ainsi que le résidu d’une étoile morte qui s’est effondrée en un astre compact nommé « naine blanche ». Ces deux objets orbitent l’un autour de l’autre (comme la Terre et la Lune). La naine blanche est tellement dense (1 million de fois la densité de l’eau !) qu’elle produit un champ gravitationnel puissant qui arrache les couches supérieures de son étoile compagnon. Cette matière arrachée se trouve ensuite piégée par le champ magnétique extrême de la naine blanche (10 millions de fois plus intense que le champ magnétique terrestre). La matière est ainsi conduite jusqu’aux pôles magnétiques de l’astre compact où elle tombe, s’échauffe et rayonne fortement en rayons X. Dans certains cas extrêmes, une telle quantité de matière s’est accumulée sur la naine blanche qu’elle n’est plus capable de soutenir son propre poids. Il est alors possible qu’une explosion de supernova de type 1a ait lieu. Ces explosions permettent aux astronomes de mesurer la distance d’objets lointains dans notre Univers.

Contacts : L. Michel et C. Motch, Observatoire de Strasbourg, 11 rue de l’Université, F-67000 Strasbourg.